PUBLIreportage / Signer c’est renforcer nos liens

Patricia Adeclas propose de former les familles à la communication gestuelle avec les signes pour faciliter les échanges parents/enfants. En creux, elle prône un apprentissage du lien, entre toutes les générations. 

Comment êtes-es-tu venue aux signes ?

Quand mon premier enfant est né, j’ai été déstabilisée par la crainte de ne pas le comprendre. J’avais peur de me tromper quant à l’interprétation de ses pleurs notamment. J’étais comme nombre de parents qui ressentent une grande insatisfaction dans leur communication avec leur bébé, dans leur relation à l’enfant. Face à mon désarroi, une amie interprète en langue des signes française m’a appris quelques signes du quotidien, une façon selon elle de pouvoir communiquer avec mon petit.

Les signes ne sont donc pas réservés qu’aux malentendants ?

Effectivement, cette langue, qui est la langue naturelle des Sourds, propose un champ bien plus vaste de locuteurs qu’on imagine. C’est un outil pour tous ceux qui sont atteints de troubles de la communication, mais aussi, pour ceux qui ne communiquent pas encore, les tout-petits. L’objectif de la communication gestuelle avec les signes, c’est de créer du lien et de répondre à la frustration générée par l’incompréhension. On pourrait très bien l’utiliser avec les personnes âgées qui perdent leur capacité de langage également. 

Tout le monde peut entrer dans cette langue ?

Bien sûr ! L’avantage c’est qu’il n’y a aucune règle pour débuter. Il suffit d’être curieux ou d’en avoir envie. Après que mon amie m’a initiée, j’ai fait des recherches et j’ai persévéré dans l’apprentissage. J’ai suivi enfin une formation en LSF (langue des signes française). Cette langue a été une révélation pour moi. D’une part j’ai réussi à communiquer avec mon enfant, et à 13 mois il a signé son premier mot, ah quel bonheur !, d’autre part j’ai découvert que je pouvais donner un autre sens à ma vie. 

Effectivement, tu développes désormais une activité indépendante autour de la communication gestuelle avec les signes, en quoi est-elle différente de ton premier métier ?

Le rapport à l’humain était très limité dans mon activité de consultante en ressources humaines. C’était très impersonnel, l’essentiel du job étant tourné vers le business. Quand j’ai commencé à signer, il m’est apparu évident que j’avais davantage un profil de « messager ». Que j’aspirais à l’échange, au partage, à la convivialité dans la relation à l’autre. Autant de choses que la langue des signes, qui se parle aussi avec les images, le corps, permettaient. Ainsi, à 38 ans, j’ai changé de voie professionnelle !

Qu’est-ce qui te fait vibrer quand tu signes ?

La bienveillance qui s’exprime. Car dans la communication gestuelle, on ne retient que ce qui est positif.